Yvon Le Bras

Je m’intéresse particulièrement à la perception missionnaire de l’Amérindien qui s’y manifeste. Appréhendé comme un être ambigu, divisé entre sa raison et ses appétits sensibles, ce dernier est la figure centrale des dites relations et l’objet même de la mission de leurs rédacteurs au Canada. Conformes au modèle dualiste de la représentation de l’Amérique et de ses habitants qui s’esquisse dans l’Histoire naturelle et morale des Indes (1589) de Joseph de Acosta, les relations de Paul Le jeune se font l’écho de la morale chrétienne qui loue les vertus et condamne les vices. Le portrait moral de l’Amérindien que le premier supérieur jésuite de Québec nous a laissé tend donc à la fois à souligner son humanité et sa nature déchue. Comme ce point de vue double de l’Autre, prédisposé ou non à être converti au catholicisme, se retrouve dans les écrits d’autres Jésuites de la même époque, nous avons cru bon dans un premier temps, d’analyser dans la même perspective les relations de Jacques Bouton et Pierre Pelleprat, missionnaires des « îles françaises » de l’Amérique méridionale, afin de mettre au jour leurs points communs et leurs différences d’un champ de mission à un autre.

Moi et mon assistante de recherche, Sunny Hendry, dans mon bureau.